Prés salé d’Arrès (bassin d’Arcachon-Gironde) : moins de Baccharis, c’est plus de Tamaris et davantage de tortues Cistude

S’il est un lieu où le Baccharis est fortement implanté, c’est le bassin d’Arcachon. Au nord du Bassin une réserve naturelle existe depuis plus de trente ans, celle des Prés Salés d’Arès gérée par l’Office National de chasse et de la Faune Sauvage. J’ai été accueilli par Richard Deneuvic est un des responsables de la gestion du site. Depuis, quelques années l’Office a engagé un combat contre le faux cotonnier. Les premiers résultats sont là mais la situation est loin d’être réglée.

Réserve Arès vue du ciel

Les Tamaris se développent à nouveau

Sur le Bassin d’Arcachon, le Baccharis est comme chez lui. Depuis quatre-vingts ans il a conquis avec appétit les prés salés, les anciens bassins piscicoles, les îlots, les polders et finalement tous espaces à sa convenance. Ceci n’aurait pu se faire sans la complicité active des Arcachonnais, séduits par les belles qualités esthétiques de la plante. Ici le Baccharis a fait son trou. Le faux cotonnier est presque considéré comme un élément du patrimoine local. En 1983 a été créée au nord du Bassin, sur une zone particulièrement riche sur le plan écologique, la Réserve Naturelle des Prés Salés d’Arès et de Lège. Après plusieurs décennies d’absence de réelle gestion, celle-ci a été confiée à l’Office National de chasse et de la Faune Sauvage. Richard Deneuvic m’explique qu’un plan de gestion rigoureux a été mis en place en 2009. Au cœur des actions à mettre en œuvre rapidement : la lutte contre baccharis qui en peu de temps ferait disparaitre la richesse de la flore et de la faune. Les tamaris qui bordent la digue de la réserve s’étiolaient. C’est à la tronçonneuse qu’une première intervention a eu lieu. Aujourd’hui après plusieurs années, les tamaris ont repris une belle vigueur. Les baccharis n’ont pas disparu. De nombreux pieds persistent sous forme de touffe au pied des tamaris. Ils seront coupés régulièrement et Richard Deuvenic a bon espoir qu’ils finissent par disparaitre. Sur l’autre face de la digue, c’est aux tortues Cistude que le baccharis portait préjudice. Il avait totalement fermé l’espace et transformé l’écosystème. L’intervention sur les zones séparant les bassins a permis d’ouvrir à nouveau l’espace et de rétablir un habitat propice aux tortues.

Chasseurs et jeunes en réinsertion, un même combat : le Baccharis.

Ares-2015-2Ici comme ailleurs, la lutte contre le Baccharis demande une main d’œuvre très importante. Les gestionnaires reçoivent un sérieux coup de main d’une association d’insertion SURF-INSERTION (membre du Collectif) qui réalise gratuitement des interventions. Les chasseurs locaux mettent également la main à la pâte. Des chantiers se font en commun. C’est l’occasion de pique-niquer ensemble et d’échanger. Les jeunes découvrent ainsi les pâtés de chevreuil et autres recettes bien locales, les chasseurs des jeunes tout à fait fréquentables.

Un gros chantier reste encore en suspens, celui de la reconquête des prés salés. Ils sont colonisés à 60 % par le baccharis. Suivre la bonne règle impose de respecter un protocole qui commence par un état des lieux précis tant sur le plan de la faune que de la flore. Il est en cours.

La lutte est donc loin d’être aboutie. Courage et persévérance sont comme toujours les deux qualités indispensables pour la lutte contre le Baccharis.

 

Janvier et février 2016 : de nombreux chantiers citoyens de lutte contre le Baccharis en Bretagne sud

Affiche-56Séné (56), Mesquer (44) Baden (56), Larmor Baden (56), Saint-Armel (56), Arradon (56) c’est plus d’une douzaine de chantiers éco-citoyens de lutte contre le Baccharis qui ont été ou seront conduits par les membres du collectif Anti-Baccharis en janvier et février. Désormais munis de leurs « Baccharaches » de tronçonneuses et de perceuses thermiques, ces citoyens donnent de leur temps et de leur énergie pour faire reculer l’arbuste invasif.

La lutte contre le Baccharis halimifolia : obligatoire prochainement.

couv-sénat-francaisLa réglementation sur les espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’UNION devrait prochainement s’appliquer. Une liste est établie et elle contient le Baccharis halimifolia. Elle a été présentée au Parlement Européen. Toutefois celui-ci l’a jugée trop restrictive et a demandé à la commission de revoir sa copie (cliquez sur ce lien). Si le parlement accepte que cette liste provisoire soit publiée et qu’ensuite elle soit enrichie, sa publication devrait se faire sans délai. Ci-après nous précisons qu’elles seraient les conséquences pour la lutte contre le Baccharis.

Les mesures de gestion qui deviendront obligatoires

Dans un délai de dix-huit mois l’administration française devra mettre en place des mesures efficaces de gestion du Baccharis halimifolia, afin que ses effets sur la biodiversité, soient réduits au minimum.
Ces mesures de gestion seront proportionnelles aux effets sur l’environnement et reposeront sur une analyse des coûts et des avantages et comprendront également, dans la mesure du possible, les mesures de restauration citées ci-après.
Elles sont à classer par ordre de priorité sur la base de l’évaluation des risques et de leur rapport coût-efficacité.
Les mesures de gestion consistent en des actions physiques, chimiques ou biologiques, létales ou non létales, visant à l’éradication, à la régulation de la population de B. h.
Le cas échéant, les mesures de gestion comprendront des actions appliquées à nos écosystèmes littoraux afin d’accroître leur résilience aux invasions actuelles et futures (par exemple la mise en place d’éco-pâturage).

Une restauration des écosystèmes endommagés

La France devra prendre des mesures de restauration appropriées afin de contribuer au rétablissement des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits par le Baccharis halimifolia sauf à prouver qu’une analyse coûts-avantages démontre, sur la base des données disponibles et avec un degré de certitude raisonnable, que les coûts de ces mesures seraient exceptionnelleEco-paturage-sur-marais-salant-webment élevés et disproportionnés par rapport aux avantages de la restauration.

Ces mesures de restauration comprennent au minimum:

  1. des mesures visant à accroître la capacité de nos écosystèmes exposés aux perturbations causées par la présence du Baccharis halimifolia à résister aux effets de ces perturbations, à les absorber, à s’y adapter et à s’en remettre;
  2. des mesures visant à soutenir la prévention de toute nouvelle invasion à la suite des campagnes d’éradication.

Un règlement européen est d’application immédiate.

Rappelons qu’un règlement revêt une portée générale, et est obligatoire dans tous ses éléments et est directement applicable dans tous les pays de l’Union européenne (UE). Un règlement doit être intégralement respecté par ceux ou celles à qui il s’applique. Il s’agit d’un acte juridique contraignant pour :

  • les institutions de l’UE;
  • les pays de l’UE; et
  • les particuliers auxquels il s’adresse.

Cela signifie:

  • qu’il s’applique immédiatement en tant que norme dans l’ensemble des pays de l’UE sans devoir être transposé dans le droit national;
  • qu’il crée des droits et obligations pour les particuliers qui peuvent, par conséquent, directement l’invoquer devant les juridictions nationales;
  • qu’il peut être utilisé en tant que référence par les particuliers dans leur rapport avec d’autres particuliers, les pays de l’UE ou les autorités européennes.

Il est applicable dans tous les pays de l’UE à compter de la date de son entrée en vigueur (la date définie dans l’acte ou, à défaut, vingt jours après sa publication au Journal officiel). Concrètement, son entrée en vigueur correspondra au vote par le parlement européen de la liste des espèces envahissantes préoccupantes pour l’UNION. Ses effets juridiques s’imposent dans l’ensemble des législations nationales, et ce de manière simultanée, automatique et uniforme.

L’avancée de la législation en France

En France, le parlement a été saisi d’un projet de loi sur la biodiversité. Il est passé au Sénat et devrait être soumis à l’assemblée nationale. Dans son Article 59 bis AB (nouveau) section 3, il précise :

« Contrôle et gestion de l’introduction et de la propagation de certaines espèces animales et végétales

« Sous-section 1 : « Contrôle de l’introduction dans le milieu naturel de spécimens appartenant à certaines espèces animales et végétales indigènes

« Art. L. 411-5. – I. – Afin de ne porter préjudice ni aux milieux naturels ni aux usages qui leur sont associés ni à la faune et la flore sauvages, est interdite l’introduction dans le milieu naturel, volontaire, par négligence ou par imprudence de tout spécimen de l’une des espèces animales ou végétales désignées par l’autorité administrative.

« Sous-section 3 « Lutte contre les espèces animales et végétales introduites

« Art. L. 411-9. – Dès que la présence dans le milieu naturel d’une des espèces mentionnées à l’article L. 411-6 ou à l’article L. 411-7 est constatée, l’autorité administrative peut procéder ou faire procéder à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens de l’espèce introduite. Les dispositions de la loi du 29 décembre 1892 sur les dommages causés à la propriété privée par l’exécution des travaux publics s’appliquent à ce type d’intervention.

Cette loi précise les conditions d’intervention chez les propriétaires particuliers. Elle autorise après publication d’un arrêté préfectoral les interventions chez les particuliers, pour y faire les recensements voire des opérations d’éradications.

Fortes de cette législation, les communes pourront agir pour sensibiliser la population, faire des inventaires chez les particuliers, voire intervenir chez eux.

Nous suivons avec la plus grande attention l’évolution de ce dossier aux parlements européen et français.

18 000 € consacrés à la lutte anti-Baccharis en 2016 sur la seule zone du Rostu à Mesquer (44).

Zones de traitement du Baccharis en 2015

Zones de traitement du Baccharis en 2015

En 2014, été voté pour 3 ans un budget de travaux de restauration d’un espace appartenant au Conservatoire du Littoral pour un montant de 253 000 €. Trois partenaires ont abondés : le Conservatoire du littoral finance à hauteur de 50 %, Cap-atlantique 44 % et la commune de Mesquer 6.5 % Il concerne une zone naturelle située au nord de la commune, sur les lieux-dit du Rostu, Kervarin et Chouette
La lutte contre le Baccharis représente 13 % soit 33 000 €. Fin 2015 15 500 € ont été dépensés. Ils ont permis de couper des repousses sur 25 ha et une première intervention sur 2.5 ha. On voit ici combien le traitement des repousses est coûteux et que l’éco-pâturage permettrait de faire des économies. Pour 2016 de nouveaux chantiers sont prévus pour un montant de 18 000 €. Ils feront intervenir Réagis, une association d’insertion ainsi qu’un éleveur et ses moutons pour pratiquer de l’éco-pâturage. Rappelons que l’efficacité de cette technique sur la zone fait l’objet d’un suivi expérimental par le Collectif anti-baccharis.

Un clip vidéo de 2 min 15 s pour voir deux techniques de lutte contre le Baccharis

Des techniques rapides, faciles à mettre en œuvre et peu coûteuses, voilà ce que vous propose ce petit clip de 2 minutes.  Le collectif Anti-Baccharis et plus notamment un de ses membres, Daniel Lasne, a  mis au point des méthodes de lutte efficaces. Après avoir testé l’utilisation d’une chèvre à palan, il l’a abandonné car peu pratique à utiliser et peu productive. Nous présentons ici deux techniques de lutte : l’une pour les petits sujets ayant au maximum 2 à 3 cm de diamètres, l’autre pour les plus gros sujets d’un diamètre de 3 cm à 10 cm.

Bon visionnage.

Vous trouverez ici, un plan de fabrication du Baccharrache.

 

Réunion du 26 octobre 2016 du Collectif Anti-Baccharis

Comme presque toutes ses réunions, le groupe s’est réunie en utilisant le mode conférence de Skype ce qui évite les déplacements et est le plus souvent très satisfaisant.
Les points les plus marquants de cette réunion sont les suivants.

Une technique efficace pour lutter contre les pieds âgés de Baccharis : le traitement au gros sel marin

Perçage de souche de Baccharis

Perçage de souche de Baccharis

A Séné et à Mesquer les membres du collectif ont pu tester cet été-automne la technique de traitement au gros sel des souches. La méthode est particulièrement efficace mais elle demande des précautions d’emploi. Les entailles à la tronçonneuse avec apport de gros sel ne sont pas efficaces, seuls les trous à la perceuse de 5-6 cm dans les souches garantissent le résultat. Par ailleurs sur des souches au ras du sol, il convient de traiter par un petit tas de sel. Ceci est confirmé par une étude dans le Morbihan. Voir l’article

Une nouvelle commune se mobilise contre le Baccharis dans le Golf du Morbihan :  Saint-Armel

La commune de Saint-Armel à l’est du Golfe du Morbihan, victime d’un envahissement important, notamment sur d’anciens marais salants. Des chantiers seront organisés par des équipes de bénévoles 2 journées par mois, sur le modèle Séné et en lien avec l’équipe de Séné et le Parc Naturel Régional du Golfe.

Batz-sur -mer (Loire-Atlantique) : un plan de lutte sur 3 ans décidé.

La méthodologie est la suivante : état des lieux, hiérarchisation des priorités, définition des modalités d’action, Prise en compte des espaces publics et les propriétés de particuliers envahis. Evaluation des possibilités de coordination avec les communes voisines du Croisic et du Pouliguen.

Saint-Hilaire de Riez (Vendée) : un budget de 213 000 € sur 5 ans pour agir contre le Baccharis

La commune agira sur les marais doux et salés fortement envahis par le Baccharis. 73 % des travaux sont financés par des subventions de de l’Agence de l’eau, du département et de la Région Pays de la Loire.
Le Collectif souhaite rencontrer les responsables de l’opération.

Le collectif envisage d’organiser un colloque sur le Baccharis au printemps 2016

Faire état des différentes actions engagées pour lutter contre le Baccharis et divulguer les connaissances et les pratiques seraient l’objet de ce colloque. Dans un premier temps, le Collectif va bâtir un budget.

Le projet d’Eco-pâturage à Mesquer (Loire-Atlantique) en bonne voie.

Un troupeau de 100 brebis devrait prochainement participer à la lutte contre le Baccharis sur la commune de Mesquer. La Communauté de communes Cap-Atlantique, la commune de Mesquer et l’association des Amis des sites ont voté une subvention de 5000 euros qui devrait permettre de conduire une expérimentation sur l’efficacité du pâturage sur les talus de marais et permettre ensuite l’installation d’un éleveur.

Un clip en diffusion libre sur le « Baccharis vu du ciel »

Baccharis vu du cielCe clip de 51 s montre une zone d’infestation à la saison de dispersion des graines (octobre 2015). Il peut être utile pour une réunion de sensibilisation et mis gratuitement à la disposition des organisateurs par le Collectif. Voir le clip Ici